Éducation dans le monde: pourquoi un manque persiste-t-il ?

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En 2024, plus de 250 millions d’enfants restent exclus du système scolaire dans le monde, alors que la scolarisation universelle figure parmi les objectifs prioritaires des grandes institutions internationales depuis des décennies. Certaines régions affichent pourtant des taux d’inscription proches de 100 %, tandis que d’autres stagnent ou reculent, malgré des investissements croissants.

Des politiques ambitieuses, parfois saluées comme exemplaires, n’ont pas suffi à effacer les écarts persistants. Les inégalités se maintiennent, révélant des blocages structurels, économiques et sociaux qui résistent à la volonté affichée de garantir l’accès à l’éducation pour tous.

Un panorama mondial : où en est réellement l’accès à l’éducation ?

Les chiffres bruts dévoilent un chantier loin d’être clos : l’éducation dans le monde avance au ralenti, bloquée par d’immenses fractures. Près de 250 millions d’enfants restent à l’écart des écoles selon les Nations unies. Ce chiffre camoufle un écart immense entre les enfants de pays développés, comme la France ou le Canada, où la scolarisation est presque généralisée, et ceux pour qui l’école reste hors d’atteinte.

Pour illustrer la diversité des contextes, ces données parlent d’elles-mêmes :

  • Moins de 60 % des enfants achèvent le cycle primaire en Afrique subsaharienne.
  • En Asie du Sud, un progrès reste à accomplir : 32 millions d’enfants ne sont jamais inscrits à l’école.
  • Dans certains pays émergents, la scolarisation bondit, mais la qualité de l’enseignement ne suit pas toujours.

Dans une grande partie des pays en développement, le parcours éducatif dépend d’infrastructures vulnérables, de moyens restreints pour former les enseignants, et d’un financement public insuffisant. Conflits, crises sanitaires et déplacements forcés perturbent l’organisation de l’école, rendant la continuité éducative impossible pour beaucoup. Les ambitions internationales peinent à se concrétiser lorsqu’elles se heurtent à ces réalités du terrain.

Mais le simple accès ne suffit pas. La qualité du système éducatif varie brutalement selon les pays, voire d’une région à l’autre. Les chances d’acquérir de solides compétences n’ont rien d’égal, que l’on soit élève d’une grande ville européenne ou enfant dans une zone rurale d’Afrique ou d’Asie du Sud. Offrir une éducation digne de ce nom à chaque enfant reste un défi irrésolu.

Quels sont les principaux obstacles qui freinent la scolarisation universelle ?

Sur le chemin de l’école pour tous se dressent des obstacles tenaces et imbriqués. La pauvreté, d’abord : quand acheter un uniforme ou se payer un repas représente déjà un fardeau, la scolarité glisse du rêve à la réalité inaccessible. Le quotidien de nombreuses familles impose la priorité à la survie. Pour certains, le travail des enfants vient combler des besoins vitaux.

D’autres barrières s’ajoutent : conflits armés, crises humanitaires. En 2023, l’UNESCO annonçait plus de 70 millions de jeunes privés d’école du fait de la guerre ou des déplacements massifs. Là où l’école devient soit un abri de fortune, soit un lieu désert, l’apprentissage passe à l’arrière-plan.

La question de la formation des enseignants ne peut être éludée. Dans de multiples régions d’Afrique subsaharienne, on compte parfois un enseignant qualifié pour cinquante élèves. Comment espérer, dans ces conditions, dispenser le socle de connaissances indispensable à chacun ?

Le manque d’infrastructures complique encore la situation : absence d’eau potable, locaux vétustes, matériel éducatif manquant. Fraîner sa scolarité ou même y renoncer devient presque inévitable dans ces circonstances. À l’étape du secondaire, les chiffres s’effondrent : certains pays à faibles revenus n’accueillent que peu d’adolescents dans leurs établissements.

D’autres facteurs tiennent à la société elle-même : travail des enfants, mariages précoces, valorisation des garçons. Résultat, des millions de jeunes, surtout des filles, voient la porte de l’école se refermer bien avant d’en franchir le seuil.

Inégalités éducatives : comprendre les causes profondes et leurs conséquences durables

Les écarts à l’école prennent racine dans une somme de déterminismes sociaux, économiques et culturels. Être une fille, dans certains pays, réduit drastiquement la probabilité de poursuivre sa scolarité. Dans certains contextes à faibles revenus, moins de deux filles sur trois accèdent à l’enseignement secondaire. Les garçons, eux, bénéficient d’un accès élargi ; l’analphabétisme affecte encore largement les femmes adultes.

La situation géographique s’ajoute à ces déséquilibres. Parcourir plusieurs kilomètres pour aller en classe relève du défi dans maintes régions rurales. Face à cette contrainte, des parents préfèrent orienter leurs enfants, dès les premières années, vers des tâches agricoles ou la vie active. Dans des territoires où la tradition privilégie le mariage précoce ou le travail, l’école abdique trop souvent.

Un éventail de problématiques alimente ces inégalités, notamment :

  • L’investissement public reste trop bas, entraînant des classes surchargées, des écoles en mauvais état, ou un manque d’outils pédagogiques.
  • Le déficit de formation des enseignants affaiblit encore la transmission des connaissances.

Être écarté de l’école ne signifie pas seulement rater des leçons : pour beaucoup, l’avenir professionnel se réduit, la précarité devient une compagne de route, la marginalisation se transmet de génération en génération. Le clivage éducatif alimente tensions, instabilité et retarde l’adaptation des sociétés aux défis du XXIe siècle.

Des pistes pour réduire le fossé éducatif à l’échelle internationale

Pour s’attaquer aux inégalités éducatives, les gouvernements occupent le premier plan. De nombreux États affichent la volonté d’assurer un accès équitable à l’école, mais le constat demeure : dans bien des pays, surtout là où la croissance démographique explose, les moyens dédiés à l’enseignement ne suffisent pas à suivre le rythme.

Consolider le corps enseignant devient l’urgence. Recruter, former, accompagner, offrir un vrai statut : c’est la condition pour bâtir un enseignement qui ne laisse personne de côté. À Paris comme à Dakar, le constat se heurte à la réalité des classes trop nombreuses et des budgets limités. S’appuyer sur des initiatives locales, investir dans la formation continue, représente le pari d’un changement durable, chaque enseignant doté des ressources pour transmettre et innover.

Plusieurs leviers concrets peuvent être activés pour avancer dans cette direction :

  • Nouer des coopérations internationales pour partager moyens, savoir-faire et pédagogies innovantes.
  • Veiller à ce que chaque école dispose d’eau potable et d’infrastructures dignes de ce nom.
  • Susciter l’engagement et la sensibilisation via les outils numériques et les réseaux adaptés pour valoriser l’éducation.

Dans les zones les plus fragiles, garantir un apprentissage exige d’agir aussi autour de l’école : sécurité alimentaire, accès à la santé, protection de l’enfance. Si ces filets protecteurs manquent, la mission éducative s’effrite. Les réponses viables passent par la coopération, l’entraide et la diffusion des bonnes pratiques. Il faudra s’inscrire dans la durée, sans renoncer à cette ambition : offrir à chaque enfant, où qu’il soit, une chance réelle d’étudier.

Un jour, la réussite scolaire dépassera le papier glacé des rapports : elle se lira dans les regards confiants de ces enfants décidés à prendre part, pleinement, à la marche du monde.